[EVENT] Arrivée à Sun City : côté Mall.

[ EDIT : Par souci de cohérence la présence de Sam a été retirée de ce topic, dans la mesure où il est censé être désormais avec Chester, mais le topic concernant ce départ a été créé après celui-ci ]




Voilà désormais une bonne heure que la salle de contrôle était fermée aux visiteurs. A l'intérieur, pas un bruit : une observation silencieuse, une analyse des faits, sans doute. Difficile à dire : vous, vous étiez dehors, que ce soit crapahutant dans le mall à la recherche de vivres ou juste dans le Refuge, l'âme en peine et le regard égaré, à attendre quelque chose sans trop savoir quoi.

Lorentz avait envoyé chier de manière catégorique les quelques intrépides qui avaient tenté de pénétrer dans son antre, à la recherche d'une mission à accomplir peut-être. Le vieux bougre était connu pour son manque de délicatesse, et cela ne vous aurait peut-être pas tant alarmé que ça si vous n'aviez entendu dans sa voix rocailleuse cette impulsion folle, comme une trace de colère, d'excitation, de panique ? Impossible à dire. Mais une chose était sûre : il se passait quelque chose. Et vous, laissés à la porte, vous ne saviez rien.
Jusqu'à ce moment précis.

Lorsque pour la première fois depuis des mois désormais, les haut-parleurs répartis un peu partout dans Sun City avaient grésillé et que la voix du vieux Marine s'était élevée, plus autoritaire que jamais, aux quatre coins du centre commercial, faisant lever les têtes des vivants, et laissant les morts s'agiter nerveusement alors qu'elles regardaient d'un air apathique autour d'elles, à la recherche de la proie potentielle à l'origine de ce bruit.

— Tout le monde sur le Toit. Immédiatement.

Et aussi vite qu'elle était apparue, la voix s'était tue, laissant les haut-parleurs retomber dans ce silence qui leur était désormais coutume.
Si vous étiez à ce moment-là à l'intérieur du Refuge, peut-être même dans le Dortoir, directement rattaché à la Salle de Contrôle, vous auriez pu entendre une certaine forme d'agitation derrière la porte, signe que l'homme se mettait en mouvement. Et puis la porte s'était ouverte sur un Lorentz armé d'une paire de jumelles et d'un fusil de précision pendant à son épaule.
Vous auriez peut-être croisé le regard froid du Marine, et écopé d'un nouvel ordre, toujours le même : monter sur le Toit, immédiatement.
Puis vous l'auriez vu disparaître dans la cage d'escaliers qui menait à ce dernier. Vous auriez alors été seul, et en proie à l'appréhension : quelle était donc cette chose qui paraissait mettre le Chef dans un tel état d'agitation ?



***

Lorentz était désormais sur le Toit, et son fusil désormais calé contre le muret à ses pieds, il scrutait avec attention l'horizon. Ca n'avait au départ été qu'un tout petit point plus clair que les autres, comme un petit rideau de poussière qui se mouvait au loin. Mais ça grossissait désormais à vue d'oeil et ça s'approchait dangereusement.

Là, en bas, à deux kilomètres tout au plus, quelque chose arrivait droit sur le mall.
A vue de nez, il s'agissait d'un gros véhicule, peut-être un camion. En tendant l'oreille, il était possible de distinguer le mugissement d'un vieux moteur qui semblait donner tout ce qu'il avait pour amener ses propriétaires à bon port.
Grâce à ses jumelles et à son expertise, cependant, Lorentz y voyait un peu plus clair : il s'agissait d'un bus.
Un putain de vieux bus scolaire dont il ne parvenait pour le moment pas à voir les passagers, et qui fonçait tout droit sur eux.

>> Nathan était déjà sur le toit. Comme souvent.
Occupé à aiguiser la lame de son katana -trancher des vertèbres à longueur de journée avait tendance à émousser la lame plus vite que la normale- tout en regardant l'horizon, il avait déjà remarqué un truc qui se détachait vaguement du décor habituel et inchangé depuis des mois. Il s'était levé quand il avait entendu, très vaguement, une annonce dans les hauts-parleurs. Il n'avait pas excatement entendu de quoi ils 'agissait, car seul un marmonnement étouffé lui était parvenu depuis la cage d'escalier dont il avait laissé la porte ouverte. Taluk avait surement entendu plus nettement, puisqu'il avait bondit sur ses pattes, oreilles dressées, visiblement perplexe.
Le chien ne tarda pas à se mettre à frétiller lorsque le halètement d'un de ses congénère résonna dans la cage d'escalier, accompagné du "tic tic tic" caractéristique des griffes sur le métal, et du "clang clang" tout aussi reconnaissables d'une paire de rangers sur les marches d'acier. Quelques secondes plus tard, Lorentz déboula sur le toit, son fusil et son chien avec lui. Taluk s'approcha en trottinant de Sam pendant que Nathan saluait le vieux Marine d'un hochement de la tête. Le chef de la sécurité portait autour de son cou des jumelles et Nathan commençait à faire le rapprochement avec le point à l'horizon qui s'était déjà bien rapproché. Le jeune homme glissa sa lame dans le fourreau éternellement passé à sa ceinture, dont le cuir commençait à s'élimer.

Il s'approcha de Lorentz, qui avait posé son fusil contre le parapet et scrutait maintenant ce qui se passait au loin à l'aide de ses jumelles.

-Que'est ce que c'est ? Un véhicule ? Pitié, ne me dit pas qu'ils ont apprit à courir.

Nathan avait parfois en tête des images de films ou les morts-vivant courraient et se déplaçaient en masses grouillantes et terrifiantes. A Sun-City, ce n'était heureusement pas le cas, et là créature la plus rapide qu'il ai eut à affronter avait été terrassé par leurs efforts conjoints. Une trace noircie au pied de l'immeuble, marquait l'endroit de la mort de Guernica. Nathan espérait de tout cœur que ce point à l’horizon n'apportait pas d'aussi mauvaises nouvelles.

Angela était en train de ranger sa caisse à médicament dans le dortoir lorsque la voix de Lorentz, glaciale et autoritaire, résonna dans le Refuge.

Elle se leva à cet instant, Alan sortant de sa torpeur à ses pieds, et elle grimpa en tremblant les marches qui montaient jusqu'au sommet du mall. Le soleil brilla sur son visage alors que sa blouse de médecin, en partie déchirée par Guernica, claquait au vent. Lorentz était posé contre le parapet, un grand fusil à ses côtés, et Nathan - ♥ - attendait avec Sergen. Ils discutaient avec le Marine -ou plutôt, ils posaient des questions à l'homme taciturne sans forcément de répondre de sa part-, et elle s'approcha en silence, Alan saluant joyeusement Taluk et Sam.

La jeune médecin s'approcha de son petit-ami, qui semblait très nerveux, et lui envoya un sourire qui se voulait encourageant, même si le fond était de la terreur. De la poussière arrivait vers eux, et en ces temps d'apocalypse zombie, il était peu probable que ce soit quelque chose de vraiment positif.

" Qu'est-ce c'est...que ça ? "

Paroles timides adressées à la seule personne aux jumelles de l'endroit.

Le grésillement des hauts-parleurs, couplé à la manière qu'avait eu Ersatz de se redresser brutalement lorsque ces derniers avaient brisé le silence qui régnait dans le Dortoir, avait tiré Jacob de sa rêverie.

La douleur avait fini par s'atténuer avec le temps. Il avait — aussi étrange que cela puisse lui paraître – survécu aux pires crises de manque et s'il n'était pas vraiment au top de sa forme actuellement, il y avait un mieux notable. Disons qu'il ressemblait moins à une serpillère humaine que d'habitude.
Le souci était que Jacob n'avait pas vraiment de raison de se lever le matin. Il devait s'occuper de la tortue et du chien qu'on lui avait confiés, et c'était tant mieux puisque ça le poussait à faire l'effort d'exister autrement qu'en tant que simple entité passive, mais c'était bien tout. Il pouvait ainsi se réveiller avant l'aube et rester étendu sur sa couchette des heures durant, ses yeux rivés sur le plafond et une barbe de plus en plus épaisse lui bouffant la moitié du visage, imperméable à tout sentiment véritable et loin de toute motivation. C'était le cas ce matin-là encore. Jusque là vautré comme un mort sur son matelas, il était actuellement de ces indécis qui avaient pu voir Lorentz sortir en trombe de son antre, Sam sur ses talons, et disparaître dans la cage d'escaliers.
Ca avait eu le mérite de le forcer à se bouger.
Ca avait aussi eu la formidable capacité de flinguer sa journée qui de toute manière aurait été aussi futile que les autres, puisqu'il n'y avait pas besoin d'être un génie pour savoir que ce genre de comportement de la part de leur " Chef " ne pouvait rien augurer de bon. Lorentz n'était pas du genre à organiser des surprises parties sur le Toit en plein milieu de journée. Dresscode Village People.
Il s'était alors dit qu'il n'y avait rien de mal à rester à paresser toute la journée dans un dortoir miteux, et, songeant qu'il quittait peut-être son lit pour la dernière fois — puisqu'ici bas, on pouvait mourir à tout moment –, il avait vite enfilé jean et tshirt pour monter à son tour sur le Toit. Un dernier coup d'oeil pour vérifier que la tortue allait bien, et il disparaissait, Ersatz à ses côtés, dans la cage d'escaliers.
Bien loin de s'imaginer que c'était effectivement la dernière fois qu'il pouvait ainsi glander inutilement toute la matinée, dans la mesure où chaque matin à l'avenir, il aurait le loisir d'être tiré du sommeil par la voix extrêmement portante de Luka. Qui, contrairement à beaucoup, savait avoir la pêche dès le réveil.

Sur le Toit, il trouva Lorentz, Nathan, Angela et Sergen, ainsi que leurs animaux attitrés qui s'affairaient de leur côté. Ersatz alla les rejoindre, surveillant malgré tout son maître du coin de l'oeil, et Jacob, ou plutôt le vieux bucheron particulièrement hirsute qu'il était devenu, rejoignait ses congénères primates. Tous semblaient attendre quelque chose de Lorentz, qui, de son côté, fixait l'horizon au moyen d'une paire de jumelles. Ajustant ses lunettes de soleil, qu'il avait pensé à prendre, il plissa légèrement les yeux à la recherche de cette chose mystérieuse qui captait leur attention.
Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il put constater, comme tout le monde avant lui, qu'un véhicule se dirigeait droit vers eux.
Observant tour à tour ses compagnons, il attendit, bien conscient du fait que poser une question n'aurait servi à rien. Premièrement parce que ses capacités de communication étaient extrêmement limitées ces derniers temps, deuxièmement parce qu'il supposait que toutes les questions qu'il avait en tête, on les avait déjà posées avant qu'il arrive. Troisièmement, parce qu'il préférait attendre de voir ce que faisaient les autres, comme à l'accoutumée.

Avec le calme assuré du sniper qu'il avait un jour été, Lorentz continuait d'observer le convoi, la respiration calme, mais l'esprit en pleine ébullition.

Ce genre de chose n'était jamais une bonne chose. Pas dans ce monde, et encore moins dans ce mall, qu'il avait sous sa responsabilité.
Il eut le réflexe de serrer les lèvres, comme s'il avait voulu empêcher la cigarette qu'il avait à la bouche de s'envoler sous le coup d'une intense bourrasque, mais ce geste, qui apparaissait généralement lorsqu'il était en proie à une extrême tension, n'eut pour effet que de lui faire constater qu'il n'avait en fait aucune clope au bec.
L'envie était grande, mais il s'abstint, se réservant ce plaisir pour plus tard.

Quatre membres du Refuge étaient désormais à ses côtés — dont un qui était déjà là lorsqu'il était arrivé, maintenant qu'il y songeait – et attendaient des réponses. N'étant pas vraiment un homme à suspense, et préférant privilégier l'action aux effets de style, Michael répondit, sans cesser de fixer l'horizon :

— Un bus scolaire. Impossible de voir ses passagers à cette distance, trop de poussière. Il vient vers nous.

Il n'y avait dans son esprit aucun doute là-dessus : la nationale qui menait à Sun City avait certes quelques intersections et proposait bien d'autres directions, mais son instinct lui soufflait que ce paquet-là leur était destiné.
Les mâchoires désormais crispées, il dut se résoudre à quitter l'horizon des yeux quelques secondes, la rétine brulée par la luminosité aveuglante des plaines désertiques qui s'étalaient face à lui. Se frottant les yeux d'une main, il daigna enfin adresser un regard aux autres, et, après les avoir rapidement jaugés un à un, il finit par poser ses jumelles à côté de lui sur le muret, et attrapa son fusil par le canon, avant de s'en saisir plus proprement.

— Vous pouvez prendre les jumelles.

La lunette de son fusil était plus efficace de toute manière.
Se détournant de nouveau d'eux, il porta la crosse à son épaule et regarda dans le viseur. Le véhicule, cahin-caha, continuait d'approcher et par delà le rideau de poussière qui continuait de le voyait partiellement, il parvint à distinguer le chauffeur. Un vieil homme barbu et bedonnant qui semblait particulièrement crispé sur son volant.

— On dirait que le chauffeur est un supporter des Sox... marmonna-t-il en songeant que dans d'autres circonstances, ce constat l'aurait dans doute fait sourire.

Mais cela ne l'avançait en rien.

Lorsque les hauts-parleurs du mall grésillèrent, les yeux du survivant se redressèrent vers eux en même temps que ceux des goules environnantes, recherchant l'origine de ce son et le cerveau comestible qui allait avec.
Morgan les avaient toujours cru hors-service, ces hauts-parleurs. Il avait désormais la certitude que non, ils fonctionnaient même très bien.
Pour que leur chef -si charismatique!- prenne le risque de les appeler ainsi, sans craindre que le Mont-de-Piété et autres individus ne faisant pas parti de leur communautés ne s'ameutent ou ne se doutent aussi de quelque chose, c'est que ça devait être putain de trop urgent.

Aussi, malgré le fait que les ordres lui passaient d'ordinaire au dessus de la tête, le blond se décida à rentrer au refuge, cessant son errance parmi les étalages d'une boutique.
Il y avait même un brin d'appréhension, devant la gravité qu'annonçait cet appel.
Ainsi rejoignit-il le toit, rejoignant un peu tardivement ses camarades, pile à temps pour écouter ce qui semblait être la réponse à de potentielles questions.
Ainsi, il s'agissait d'un bus scolaire.
Un putain de bus scolaire jaune, conduit par un homme fan des Sox selon Lorentz et ses jumelles. Et potentiellement, d' autres passagers, que l'homme grisonnant ne pouvait apercevoir.

- Ils sont donc bien vivants...

Donc ça n'était pas des zombies. Ils s'agissaient de survivants, tout comme eux, à la seule différence qu'ils avaient un bus au lieu d'un refuge.
Il fit quelques pas vers l'avant, jusqu'au rebord du toit, pour mieux observer la noire nuée de zombies qui s'étendaient au pied du mall.

- ...des vivants piégés dans une armée de morts.

Qui finiraient donc par crever à leur tour. Il détourna les yeux de ce tableau, reportant son regard sur le leader de leur groupe.
Lui n'avait qu'une seule idée en tête : celle d'aller exploser les zombies à l'aide de la bombe obtenue auprès du Mont-de-Piete en tant que dernier recours contre Guernica si le plan de Lorentz n'avait pas fonctionné, et qu'il n'avait par chance pas utilisée. Mais qu'en était-il des autres ?

Comme les autre, Mythri s'était dirigée vers le Toit à l'appel. Ce devait être grave.

Elle était restée en retrait, laissant converser les autres, faute d'avoir rien de constructif à dire. La remarque de Lorentz sur le chauffeur acheva de donner une humanité à ce petit groupe de survivants, et, du fait de cette identification, le constat de Morgan lui donna un pincement au coeur. Un tel hasard était trop improbable pour être gâché par une horde, non..?

Silencieuse, elle s'avança jusqu'au bord du toit, afin de mieux voir la situation : quelques centaines de morts-vivants se pressaient contre la tôle du bus, qui n'était d'ici qu'une boîte de sardines jaune dans un banc de zombies. Les morts arrivaient de tous les côtés, plus nombreux à chaque minute.

─ Vous ne pouvez pas leur tracer un semblant de chemin d'ici ?

Naïve, elle n'avait même pas envisagé le fait que Lorentz n'avait peut-être pas envie d'accueillir le groupe du bus, surtout avec les ennuis auxquels ils devaient faire face, entre la reconstruction du camp après Guernica et la découverte d'un autre groupe aux intentions peu claires, au sein même du mall.
Par sécurité, elle avait pris sa batte, des fois que l'appel soit synonyme d'une nouvelle catastrophe. Son coeur se serra à nouveau en songeant qu'elle ne serait d'aucune utilité s'ils décidaient de descendre pour aider le conducteur du bus, et qu'ils risquaient, en plus de cela, de tous y passer s'ils sortaient maintenant. Toute l'humanité semblait se résumer à ces deux sentiments : l'envie d'aider son prochain par compassion, et la pulsion de conservation qui préférait les regarder mourir plutôt que de risquer d'y passer soi-même.

D'autres survivants continuaient d'arriver, agrandissant leur petit groupe.

Morgan remarqua qu'ils avaient affaire à des vivants. C'était effectivement ce qui sautait aux yeux, à moins que les morts n'aient ré-appris à conduire au cours de ces derniers mois. Ou que les bus scolaires aient également pu être transformés en monstre, ce qui ne l'aurait presque pas surpris si l'on prenait en considération le fait qu'il y avait quelques semaines à peine, ils étaient tous réunis sur ce maudit Toit à tenter de se débarrasser d'une espèce d'abominable créature quadrupède rouge tout droit sortie des Enfers.
La question de la petite indienne lui dit froncer les sourcils.

— Vous ne pouvez pas leur tracer un semblant de chemin d'ici ?

La question n'était pas pouvait-il — même si elle entrait effectivement en compte –, mais voulait-il. Il était chargé de la protection des civils ici — en tout cas ceux qui le voulaient bien – et il était hors de question qu'il les mette en danger. Il restait également le Chef de la Sécurité de Sun City, même si ce titre ne signifiait plus grand chose à présent, et il devait faire ce qui était le mieux pour le mall. Qui constituait de surcroît tout ce qu'il lui restait sur Terre.
L'oeil toujours rivé sur la lentille de sa lunette de visée, il continuait d'observer le bus qui ralentissait encore et encore, freiné par un nombre toujours plus élevé de goules. Il pouvait effectivement faire sauter quelques têtes depuis le Toit mais il n'aurait jamais assez de munitions pour que ça aide les autres en quoi que ce soit.
En partant du principe qu'il voulait les aider.

— On n'a aucune idée de leurs intentions.

Et c'était bien là le problème : il avait déjà suffisamment à faire avec les punks du Mont-de-piete et le groupe du Mur. Même si, dans l'optique où les passagers du bus aient été pétris de mauvaises intentions, une petite guerre civile loin de ses locaux aurait pu être appréciable.

Depuis sa position, il aperçut le chauffeur du bus qui l'observait rapidement à l'aide d'une paire de jumelles, et lui lançait des appels de phares, imitant du mieux qu'il le pouvait un SOS. Ses mâchoires se serrèrent légèrement, tandis que son sens de l'honneur et sa méfiance de soldat érudit s'affrontaient en silence.
Du mouvement en provenance du bus attira son attention.

— Y a un gamin particulièrement excité qui s'agite à la fenêtre.

Un coup d'oeil sur le muret à sa droite lui indiqua que sa paire de jumelles était toujours en place.
Bordel. Pour une fois qu'il faisait l'effort de partager, personne ne saisissait l'occasion. Quand bien même Lorentz était supposément le chef de groupe, avoir quelqu'un pour l'épauler dans cette tâche n'aurait pas été de refus. Il n'était pas non plus un tyran despotique.
En attendant, le gamin en question, avec son vieux reste de teinture rouge particulièrement douteux, était en train d'ameuter tout le quartier, et les zombies s'affairaient désormais tous pour se rapprocher de lui, attirés par le bruit.

Les autres arrivèrent bientôt : Morgan, Mythri, Jacob...tout le monde était prêt à agir. Mais agir comment ? Mythri proposa à Lorentz de les guider jusqu'au mall -ce qu'Angela approuva de tout coeur en acquiesçant de la tête- mais la voix du Marine résonna deux fois, froide et réfléchie avec l'expérience de celui qui a vécu l'enfer et qui souhaite l'éviter au maximum.

— On n'a aucune idée de leurs intentions.

Ce. Sont. Des. Humains. Dans. Une. Apocalypse. Zombie.

— Y a un gamin particulièrement excité qui s'agite à la fenêtre.

Piquée par on ne sait quelle mouche, Angela la coincée parcourut les quelques mètres qui la séparaient des jumelles, et s'empara de la paire avant de les coller à ses yeux bleus. Le conducteur envoyait ses appels de phares, et un jeune homme remuait effectivement les bras avec passion. Il parlait, aussi, ou plutôt hurlait ; mais c'était difficile de déterminer ce qu'il disait. La jeune femme crut percevoir le nom de Jacob, mais lire sur les lèvres avec des mains tremblantes et le stress au ventre n'amènerait que de la confusion.

Elle décida de se taire.

Cependant, il y avait quelque chose dont le médecin était sûre et certaine. Elle baissa un instant les jumelles et se tourna vers Lorentz. Sa belle détermination commençait à s'effriter, et c'est d'une voix tremblante et peu confiante qu'elle réussit à adresser la parole au chef qui l'impressionnait tant.

" Ce sont des humains qui nous font des signes. Ils veulent clairement de l'aide! Nous aurons toujours la possibilité de les gérer après leur entrée, non ? "

Nous sommes sûrement en meilleure forme qu'eux, de toute façon.

" Ils se sont sûrement battus pour venir ici, et ils devraient mourir ? A quoi elle sert notre bannière, sinon à attirer l'attention des humains autour ? Et si certains étaient des connaissances de gens d'ici? "

Elle laisser ainsi planer le doute du nom qu'elle avait lu sur les lèvres du garçon. Puis elle reporta un instant son attention sur le grand étendard tracé de rouge affichait inlassablement le même message d'au secours, signe que quelqu'un était ici. Angela reposa les jumelles et s'éloigna en virant à l'écarlate. Elle craignait désormais une réaction violente de la part de ses compatriotes, ou même d'être exclue du groupe sous prétexte que si elle voulait les aider, elle n'avait qu'à y aller elle-même. Alan vient se coller à sa jambe, protecteur et rassurant.

Que c'était dur de parler pour soi-même. Mais aussi timide qu'elle soit, Angela avait une morale, et elle ne pourrait jamais se pardonner d'avoir laissé à la mort des gens qui auraient pu être sauvés. La foule ne serait peut-être jamais de son avis, mais elle aurait fait tout ce qu'elle aurait pu.

Angela prit alors les jumelles, observant à travers les verres ce qui se tramait en contrebas. Lorentz était déjà irrité par le comportement de l'un d'entre eux, qui s'agitait à travers l'une des vitres du bus en ignorant complètement les zombies qui s'entassaient autour de lui et manquait de lui mordre le bras. S'ils ne se dépêchaient pas, il y aurait déjà un gus de moins dans ce fourgon.
Et puis Angela prit la parole, plus déterminée que jamais, rappelant alors ce qu'il y avait d'écrit sur la bannière qui pendait mollement contre le flan du bâtiment. Elle ne voulait pas laisser ces gens là dehors, mourir sous les dents pourris de ce qui devait normalement être leur seul ennemi.
A son tour, Sergen s'empara de l'appareil oculaire, faisant un dur constat : parmi les adultes, il y avait des enfants. Son cœur manqua un battement, il manqua de défaillir. Le regard du géant se raccrocha au sien, et il le soutenu un instant avant d’acquiescer à ses paroles.

« Je t'accompagne... J'ai de quoi faire sauter une partie de ces zombies. »

Il ne lui restait plus qu'à aller chercher l'explosif conservé soigneusement dans son casier. L'arme n'aurait sûrement pas assez de portée pour tous les exterminer, mais il y avait tout de même moyen d'en supprimer un bon petit membre.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, un fou sorti du bus pour monter sur le toit du véhicule, silhouette floue qu'il pouvait apercevoir de sa place, traçant en noir deux mots, demandait à nouveau de l'aide.
Et affirmer qu'ils venaient en paix.
C'était désormais décidé, il descendrait avec Sergen, et peut-être d'autres, libérer la voie.
Que Lorentz soit d'accord ou non.

Il y eut finalement des prises d'initiative.

Ce fut d'abord la petite infirmière qui vint se saisir de la paire de jumelles qu'il avait laissé à leur disposition. Il la vit qui observait le bus du coin de l'oeil, tandis que l'espèce d'énergumène continuait de s'agiter comme un épileptique en articulant de manière exagérée ce qui ressemblait très clairement à un Jacob.
Les sourcils de Lorentz tressaillirent derrière la lunette. Il jeta un regard en coin au brun barbu qui restait en retrait, visiblement indécis sur le comportement à adopter. Quelle était la putain de probabilité... ?

— ... et si certains étaient des connaissances de gens d'ici ?

Le regard glacial de Lorentz se posa sur Angela tandis qu'elle se renfrognée, son chien à ses pieds.

— Ils ont des gosses, Lorentz. Des gosses.

Et voilà que l'autre grand nigaud se mettait à son tour à lui faire la morale.
Mais effectivement, il y avait des gosses dans le tas.
Même s'il avait au cours de ses nombreuses années de service eu par plusieurs fois l'occasion de voir que les enfants pouvaient ne pas être si innocents que ça, lorsqu'on les endoctrinait tôt.

— Je t'accompagne... J'ai de quoi faire sauter une partie de ces zombies.

Et le grand rebelle kamikaze s'y mettait à son tour.
Quelque part au fond de lui, bien loin sous cette carapace froide et dure qui le protégeait, Lorentz eut un petit sourire. Un sourire invisible, un simple concept, qui ne se manifestait que par un petit réchauffement au niveau de sa poitrine, et non par un simple rictus en coin comme il en aurait peut-être eu un s'il avait voulu se montrer expressif.
Un sourire fier. Dont personne ne saurait jamais rien.
Voilà que ce gros tas de bras cassés se sortait enfin la tête du cul. Constat satisfaisant qui prenait le pas sur cet agacement chronique qui germait en lui à chaque fois que ceux qui étaient sous ses ordres faisaient preuve d'insubordination.
En soit, ils n'était pas vraiment sous ses ordres. On n'était plus chez les Marines. La Guerre était ici bien différente.
Il les foudroya joyeusement du regard, un à un, veillant à ce que chacun sache qu'il n'appréciait guère qu'on remette en question son autorité, même s'il n'avait au final donné aucun ordre, et regarda de nouveau dans ses lunettes. Le gesticulateur avait laissé place à une autre énergumène qui gribouillait des messages de paix et d'aide sur le toit de ce foutu bus.
Il allait encore se ramasser des hippies à la maison.

— Pauvre con... marmonna-t-il les dents serrées, tandis que l'homme semblait un instant perdre l'équilibre, visiblement plutôt éprouvé par sa performance sportive.

Et les autres qui déjà se mettaient en marche pour aller jouer aux héros.
Mais merde, pour jouer les héros, il fallait déjà avoir un putain de plan.

— Attendez ! aboya-t-il en quittant des yeux son viseur, et en se tournant vers eux.

Il prit une lente inspiration, avant de déclarer sèchement :

— En sortant du Refuge, à cinquante mètres sur la droite, il y a une porte rouge. Elle mène au sous-sol, là où on décharge les marchandises. Ca donne sur l'extérieur. Il tourna la tête vers Morgan. Je peux vous couvrir si le bus réussit à aller jusque là mais on aura besoin de ta bombe pour lui dégager la voie. Les clés sont là, ajouta-t-il en sortant un petit trousseau de sa poche et en l'envoyant à Morgan. Le badge permet d'accéder aux escaliers. La clé orange ouvre la porte qui donne sur l'extérieur. La petite c'est pour les trappes. Si tu les perds c'est ta tête que je fais exploser en dernier, conclut-il sobrement.

Les trappes n'étaient autres que les ouvertures que l'on faisait coulisser pour accéder directement à l'intérieur des remorques des camions lorsque ceux-ci, une fois leur compartiment ouvert, reculaient jusqu'au mur. C'était plus pratique pour décharger les marchandises. Il ne devrait normalement pas y avoir de zombies là-bas, personne ne s'était rendu dans cette zone depuis le début de l'épidémie et il s'était chargé lui-même de liquider les quelques goules qui s'y étaient faufilées lorsque toute cette merde avait éclaté. Dans tous les cas, les moniteurs de la salle de contrôle indiquaient que la voie était libre.
Sans un mot de plus, il attrapa de nouveau son arme, et se remit à observer le véhicule au travers de son viseur.

Icare regarda Morgan et Sergen, interdit.
S'il connaissait - relativement - bien le premier, le second ne lui était familier que parce qu'il le croisait de temps en temps dans les couloirs du mall, et parce que ça semblait étrange, quand on était une poignée de hères qui survivait par miracle, seuls et prostrés, dans quelques mètres carrés, de ne pas même se connaître de nom. Jamais il n'avait cependant eu davantage affaire à lui ; une vague pensée impressionnée par le courage du vieil homme lui traversa l'esprit. Que Morgan soit de la partie lui semblait bien moins étrange : outre la valeur de ces vies humaines, le simple fait de contrer les ordres de Lorentz, de bafouer sa sacro-sainte autorité devaient motiver le blond. Cependant, le Gris n'hésita que quelques instants à lui donner instructions et matériel pour lui permettre d'ouvrir la voie à ce bus scolaire.

Bus scolaire.

Quelques souvenirs fugaces lui revinrent quand le musicien reporta son attention sur le convoi jaune qui filait vers eux à toutes berzingues. Cependant, point de cartables et d'écoliers joyeux à l'intérieur, ou du moins il en doutait sérieusement. Certainement plus toute une cargaison de vagabonds qui, comme eux, n'avaient eu d'autres choix que d'unir leurs forces pour survivre. Une cargaison de vagabonds plus ou moins nombreuses, si l'on se basait sur la cinquantaine de places que possédait un bus ; une cinquantaine de personnes qui mangeaient et buvaient, qui avaient besoin de place pour dormir et qui faisaient du bruit.
Icare soupira, s'appuyant comme tout le monde sur le muret qui faisait le tour de la plate-forme.
Bien sûr que non, ils ne pouvaient les laisser crever.

Mais c'était techniquement un problème.

Et avec un peu de chances, ils auraient des animaux.

Lily-Rose avait entendu la voix grésillante de Lorentz au travers des haut-parleurs du Mall. Elle était partie se promener dans le centre commercial et s’était dépêchée de rentrer, tout en restant sur ses gardes, ce n’était pas le moment de se faire attaquer par une goule. Surtout que cela avait l’air très important. Quand elle arriva sur le toit, elle commença par saluer ses compagnons d’infortune et de s’enquir de la situation. Un bus scolaire. Des survivants. Des enfants. Ils arrivaient. Il fallait aller voir, voir les rejoindraient.

Ça changerait ça. De voir de nouvelles têtes. Ce n’est pas qu’elle n’appréciait pas les habitants du Mall mais n’importe qui en aurait à un moment marre de voir 24/7 les mêmes personnes. Avec un peu de chance, ce serait même des gens biens, qui pourraient réellement vivre ici. Et puis, ça ferait des bras en plus. Ce seraient aussi d'autres bouches à nourrir mais ils trouveraient bien une solution. C'étaient des warriors après tout. Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres, puis aussi des sanguinolentes. A ce souvenir, elle passa la main dans son dos, là où Guernica avait laissé ses marques. Et puis, elle ne pouvait pas laissé des enfants dehors, avec tous ces walkers. Peut-être un restant d'instinct de protection, vague souvenir de son enfance violente. Même si ces enfants étaient marqués à vie, ils avaient besoin de stabilité, de sécurité, ce que le Refuge pouvait leur apporter. Oh et puis merde.

Je vous accompagne les gars.

Elle rejoignit les deux blonds, Sergen et Morgan, dégainant son arme, son bon vieux pistolet. « We are going on an adventure » dirait ce cher Bilbon. Bien qu’elle doutait qu’il ait jamais eu affaire à des zombies affamés, elle se plaisait à avoir de petites références personnelles en interne, dans sa tête.

Bien entendu, Jacob, lui, n'eut pas le réflexe d'attraper les jumelles pour regarder ce qui leur arrivait droit dessus.

Il partait du principe qu'il en savait déjà bien assez sur la situation : elle avait été résumée à merveille par ses compagnons d'infortune. Ayant toujours été attaché au conceptuel, il n'estimait pas nécessaire de regarder à quoi ressemblait ledit bus et ses occupants. Savoir qu'il arrivait lui paraissait amplement suffisant.
Non, Jacob n'était pas vraiment un mec curieux. Il prenait l'information pour acquise, c'était un fait comme un autre.
Dommage.
Parce qu'en bas, à plusieurs centaines de mètres, quelqu'un s'égosillait désespérément dans l'espoir d'attirer son attention, et ce quelqu'un parut extrêmement crispé lorsqu'il constata qu'à l'inverse de certains de ses accompagnateurs, Jacob, lui, ne daigna même pas s'approcher du muret.

Il écouta les autres sans broncher, fidèle à son statut de membre passif de la bande, et sentit un léger poids venir s'appuyer sur son mollet : Ersatz, chien fidèle et protecteur, avait de toute évidence renoncé à la compagnie des siens pour venir s'enquérir de l'état de son humain. Il se pencha légèrement en avant, laissant ses doigts filer pensivement entre les épaisses mèches blanches qui tapissaient l'encolure du chien.
Encore quelques instants et tous se mettaient en mouvement. Un groupe de héros se formait et partait à la rescousse des rescapés. Lorentz restait en haut avec son fusil et veillait comme à son habitude à la sécurité de tous. Du mieux qu'il pouvait.

Sans un mot, il se dirigea à son tour vers le groupe qui s'apprêtait à descendre du Toit. S'il n'était ni un brave ni un rouleur de mécaniques, il ne pouvait pas rester ici sans rien faire. Et puis, s'activer un peu comme ça lui permettrait de se changer les idées. La nature l'ayant doté d'une carrure assez forte, et de capacités de survie hallucinantes qu'il continuait de découvrir au quotidien — il était toujours pas mort, preuve ! –, il pourrait s'avérer utile. Il avait une pelle. Un chien remarquablement intelligent. Et il avait de toute manière eu à endurer tellement de choses dans sa vie qu'il n'en était plus à ça près : s'il pouvait y rester, c'était sans doute mieux.
Espérant que quelqu'un aurait la bonté de prendre Ersatz et CM Punk sous son aile s'il ne revenait pas de cette nouvelle épopée, il fut ainsi prêt à partir pour de nouvelles aventures à leurs côtés, et à tataner quelques gueules pour la forme, histoire de se maintenir en forme, quand même.

>> Nathan avait écouté le débat avec attention, prenant distraitement les jumelles des mains d'Angela pour regarder à son tour.
En effet, un type hystérique leur faisait des grands signes depuis la fenêtre. Il regardait droit vers le mall, probablement grâce aux banderoles que Nathan avait entretenu avec tant de dévotion pendant ses longs mois au refuge. Il écouta le plan s'organiser, ses yeux sautant de Lorentz au petit groupe qui se formait. Tout le monde avait l'air partant pour accueillir les réfugiés, et même si la méfiance de Nathan lui hurlait que c'était peut-être pas une bonne idée, Angela avait raison. Ils n'avaient pas accroché ces banderoles pour fermes les portes lorsque des gens semblaient leur demander de l'aide. Et puis aussi, maintenant qu’elle avait dit qu'elle y allait, il y allait aussi. Angela baissait les yeux quand Lorentz fronçait les sourcils, alors il n'allait pas la laisser toute seule face à ces gens qu'ils ne connaissaient pas. Et il ne voulait pas laisser l'occasion à Morgan de jouer le prince charmant. Merde quoi.
Il adressa un signe de tête à Lorentz, qui malgré sa réticence évidente, venait de leur assurer toute l protection qu'ils pourraient leur assurer.

-Merci Lorentz.

Puis il posa la main sur son katana et s'engagea à la suite des autres dans l'escalier, écoutant la proposition de Sergen. Cette fois ci, il se détacha du groupe.

-Tu veux les faire passer par ou, tes panneaux ? Si on pose un pied dehors on va se faire déchiqueter.

Il voulait bien se charger des banderoles, vu qu'il s'en occupait déjà au mall et savait ou était rangé le matériel, mais encore fallait-il que les panneaux soient lisibles à temps pour le bus, et dans ce cas, ou ?

Et alors qu'ils s'apprêtaient à partir défoncer tout ce tas de zombies, Lorentz aboya un Attendez violent. Le blond se retourna vers lui, dirigeant toute son attention vers l'homme grisonnant.
Il leur offrit alors un plan sur un plateau d'argent. La porte rouge à une cinquantaine de mètres du refuge, fermée à clé, menait au sous-sol, là où les camions allaient déposer leurs marchandises. Et donc leur ouvrait une voie vers l'extérieur.
Morgan attrapa les clés que lui confia alors Lorentz, esquissant un fin sourire à sa dernière remarque.

« 't'inquiète pas pour ça. »

Il y accorderait une attention toute particulière. Et puis, pour refermer derrière soit, c'était tout de même plus pratique, histoire de ne pas laisser filtrer la quasi totalité des zombies de l'extérieur à l'intérieur du mall. Il y en avait déjà suffisamment comme ça après tout, les boutiques étaient loin d'être l'endroit le plus sûr, le seul lieu de repos se trouvant au refuge lui-même.
Il était donc temps de tracer vers cette foutue porte rouge.
Cinq personnes, face à cette horde de zombies. Qui plus est, tous avaient déjà quelques mois d'expérience, et avait défié Guernica.
Ouais, ça devrait le faire, fallait juste y croire un peu.
Sergen proposa alors d'élaborer des banderoles, afin de prévenir de l'aide imminente qu'ils allaient apporter à ce bus scolaire. Nathan ne voyant cependant pas vraiment où les accrocher.

« Sauf si une bannière du même type que celle actuellement en place sur le mall ne te prendrais pas beaucoup de temps -ce dont je doute-, je ne vois pas non plus. A moins qu'ils ne disposent de jumelles afin de voir une plus petite affiche... »

Mais ça aussi, il fallait en être sûr. Bref, il n'avait aucune idée à suggérer quant aux banderoles, aussi laissa-t-il aux autres le plaisir d'y réfléchir. Il alla rapidement chercher son arme dans son casier, prenant au passage le reste des munitions de son Colt -après ça, une visite au dépôt de l'armée s'imposait-.
Il ouvrit ensuite la porte qui menait à leur destination finale, et descendit avec le reste de leur petit groupe vers les profondeurs du mall.
Puis la clé orange tourna dans la serrure de la dernière porte, avant de s'ouvrir sur cet extérieur qu'ils n'avaient pas foulés depuis près de six mois.
Tout allait se jouer maintenant.

(Okay donc théoriquement mon message passe mieux avant le RP de Morgan mais euh voilà j'ai été trop lente à le taper :V)

Angela sentit son coeur accélérer lorsque d'autres gens se joignirent à ses paroles, et de surcroît quand Lorentz accepta de donner les clés à Morgan pour que le petit groupe de héros aille aider les gens du bus. Oh, merci merci merci. Ca donnait envie de s'affirmer et de donner son avis plus souvent, tiens.

Elle écouta distraitement ce que disaient ceux qui allaient descendre, mais elle savait qu'elle n'irait pas au devant des zombies. Elle était incapable en combat et elle ne serait d'aucune aide. Pire, elle risquait juste de se faire dévorer. Alors, elle resterait au refuge et se préparerait à l'accueil de potentiels blessés, qui, malheureusement, seraient plus que probables...

La jeune fille rejoignit Nathan en quelques enjambées, ne le laissant partir qu'avec un serrement de coeur. Elle détestait toujours autant le laisser filer comme ça, mas il avait sans conteste de plus grandes chances de survie que lui. Elle posa sa main sur le bras de son petit-ami, et le serra doucement avant de lui parler en le fixant droit dans les yeux.

" Je resterai juste derrière la porte du refuge avec la pharmacie pour prendre en charge les blessés à votre retour. Bon courage, soyez prudents. "

Surtout toi.

Sa voix s'était un peu affaiblie sur la fin, et pour cacher sa terreur elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un bisou sur la joue de Nathan. Elle ne lâcha son bras qu'à contrecoeur, et elle lui envoya un sourire d'où pointait le stress avant de tourner les talons avec Alan et de retourner dans le refuge préparer de quoi soigner les nouveaux arrivants. Qui, avec un peu de chance, amèneraient aussi du matos médical avec eux.

Et voilà que le petit groupe s'agitait et se tenait prêt à intervenir.

— Ils ont des jumelles... grogna Lorentz sans cesser de regarder dans son viseur, suite à la dernière remarque de Morgan.

Un soupir contrit s'échappa de ses narines.

— ET EMBARQUEZ VOS CLEBARDS AVEC VOUS ! leur hurla-t-il sans un regard en arrière. Que je me concentre...

Celle-là était plus pour la forme qu'autre chose : en temps de guerre, il avait au maintes fois l'occasion de tirer dans un capharnaüm épouvantable, mais il était toujours préférable de faire ça au calme, et la détonation risquait d'apeurer les animaux. Et il n'avait pas franchement envie qu'on vienne lui lécher les oreilles pendant qu'il s'appliquait à viser la tête de zombies qui se trouvait elle-même à deux doigts de la tête de non-zombies.
En ce qui concernait Sam, ç'aurait été différent, s'il n'était pas retourné auprès de Chester. Ce dernier avait prouvé au cours du raid contre Guernica que les coups de feu ne l'effrayaient pas plus que ça et il le connaissait depuis un moment. De plus, et il ne le reconnaîtrait jamais, ce chien restait la seule figure sympathique qui le rattachait à un passé qu'il avait chéri plus que tout et d'une certaine manière, sa présence l'apaisait. Ce qui ne pouvait qu'être un bonus pour la qualité de ses tirs.
Qui était certainement un peu moins irréprochable qu'à l'époque, vu qu'il n'avait plus fait ce genre de chose en dehors de stands spécialisés depuis bien longtemps.

Lorsque tout le monde fut parti, et après avoir haussé les yeux au ciel d'un air consterné suite au petit passage vanille des deux tourtereaux, il ferma les paupières quelques secondes et inspira profondément. Puis, attrapant fermement son arme, il se repositionna derrière son viseur.
Et inspira une nouvelle fois.
Puis une autre.
Et encore une autre.

— A nous...

L'écho lointain d'un grincement métallique lui donna le signal : la porte était ouverte, et déjà les goules les plus proches du mall se tournaient vers cette dernière et se trainaient vers le mur.
Calmement, Lorentz visa le visage de l'une d'entre elles et pressa la détente.
Dans une formidable détonation, la balle atteignit le cadavre entre les deux yeux. La boîte crânienne explosa et feu² son propriétaire s'effondra sur le sol dans un dernier soubresaut. One shot, one kill.
Un tir d'échauffement à courte distance était idéal pour se décrasser.
Sans cesser de regarder son viseur, il amena le sac qu'il avait monté à lui et l'ouvrit. A l'intérieur, plusieurs boîtes de cartouches, soit un bon paquet de munitions.
Il rechargea sans un mot.

Malheureusement, elle s'était attendue à la réponse du chef de sécurité. Son statut-même le rendait paranoïaque, et il n'était pas du genre à avoir le cœur tendre.
Aussi, ce fut avec un intérêt certain que Mythri écouta la suite de l'échange, sans y prendre part. Elle approuvait de tout son cœur la décision qu'ils avaient prise, mais craignait en même temps de perdre, sinon des amis, au moins des connaissances auxquelles elle s'était habituée. Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale.
Elle ne pouvait malheureusement pas être utile : elle ne savait pas se battre, mesurait moins d'un mètre cinquante, et pesait moins de la moitié du poids d'un Sergen. De plus, la batte n'était pas une arme de combat rapproché; elle arrivait à peine à la manier en situation de survie face à une goule isolée. Non, vraiment, elle n'était pas une guerrière. Et ne le serait sans doute jamais.
Le problème, c'est qu'elle était, en soi, plutôt inutile. Elle ne pouvait pas aider Lorentz -il faudrait être fou pour déranger le sniper à l'oeuvre, surtout un sniper doté d'un caractère de plantigrade grisonnant comme leur chef-, n'avait aucune notion médicale -contrairement à Angela-, ni... rien. Elle prit donc le parti de se rapprocher du bord du toit, et de ne pas perdre une miette de ce qui se passerait en contrebas. La coopération de Lorentz était déjà chose rassurante : il couvrirait leurs camarades dans leur mission -presque- suicide.

Le cœur battant, la jeune indienne attendit que Morgan, Sergen, Jacob, Lily et Nathan réapparaissent en bas, points mouvants dans une masse amorphe, mais néanmoins animée, par l'une des choses les plus puissantes : la faim sans conscience.

Sans un mot, Jacob, désormais muni de sa pelle et de ses lunettes de soleil qu'il avait récupérées dans son casier lorsque tous étaient allés s'armer pour la bataille, descendit à leurs côtés. Faisant figure d'ombre, il semblait glisser derrière eux dans le silence le plus total, son visage fermé à demi-dissimulé derrière l'épaisse masse de cheveux et de poils qui semblait lui dévorer le crâne.
La scène était étrange. Il avait l'impression d'évoluer dans un rêve. Comme si plus rien n'avait d'emprise sur lui, comme si vivre ou mourir n'avait tout simplement plus compté. Il abordait les choses avec une sérénité extrême, un calme tel qu'il en était lui-même surpris. Peut-être qu'au final, cette nouvelle expédition miracle était exactement ce qu'il lui fallait : un prétexte pour sortir de sa torpeur et se bouger. Se changer les idées.
Pour mieux revenir à sa triste routine ensuite.

Lorsque Morgan ouvrit la porte qui donnait sur l'extérieur, il dut se protéger les yeux de sa main malgré l'épais verre de ses Ray-Ban. Ses yeux restaient extrêmement sensibles à la lumière, et le contraste de luminosité entre l'extérieur où il faisait grand jour et l'intérieur du hangar sombre n'arrangeait pas son problème. Un vague fourmillement coula sous ses tempes, alla se perdre à l'arrière de son crâne. Il frissonna et déglutit difficilement tandis que sa gorge se nouait.
Ne pas. Penser. A la douleur.
Les phalanges de ses doigts blanchissaient tant il serrait son arme.

Les problèmes auxquels songeaient ses camarades, quant à un moyen d'avertir le bus de leur plan, coulaient sur lui comme de l'eau. Il devait rester concentrer. Le moindre écart dans son cheminement de pensée et c'en était fini.
Une détonation et un premier zombie s'écroulait à leurs pieds. Sergen s'enfonçait déjà dans la masse à grands coups de machette, et un sifflement lui fit lever les yeux. A quelques mètres de lui, une autre goule s'effondrait, la tête transpercée d'une flèche. Son regard courut jusqu'au bus où il crut distinguer une archère, mais l'éclat du soleil sur les vitres eut vite fait de lui faire détourner la tête. Assénant un puissant coup de pelle au premier zombie qui s'approchait de lui, il se tourna vers Morgan. C'était lui qui avait la bombe.
Il se décida finalement à parler, en quête d'informations :

— Ta bombe, tu peux la déclencher à distance ou c'est un minuteur ? lui cria-t-il par dessus les grognements des cadavres les plus proches.

A moins que ce ne soit un gilet piégé façon kamikaze, auquel cas ça risquait d'être un peu délicat à manoeuvrer.
Un aboiement lui fit faire volte-face : un nouveau zombie était sur le point de s'agripper à lui, et Ersatz, guettant son maître depuis l'entrée du hangar, venaient une nouvelle fois de lui sauver la mise.
Il repoussa son assaillant jusqu'à ce qu'il tombe et le décapita d'un coup de pelle avisé. C'est qu'il commençait à gérer le krav maga du fossoyeur, à force.

L'extérieur.
Son arme de destruction massive dans les bras, il restait plus subjugué par le fait d'être dehors, réellement dehors -et non dans ce parc coincé entre quatre murs. Bientôt six mois à rester enfermé dans ce mall, avec l'incapacité de s'en échapper sous peine de rejoindre cette imposante horde de zombies. Voir à ne pas pouvoir sortir du tout : toutes les issues avaient été condamnés. Le seul pass pour la liberté était ces clés, qui permettaient d'ouvrir cette fameuse porte qui les avait conduit ici. Et qu'il avait aussi entre ses mains, le temps d'une après-midi, avant de devoir les remettre à son possesseur.
Soit, il rêverait de liberté plus tard.
En attendant, il avait bien mieux à faire, quelque chose qui le réjouissait encore plus que de ne plus être emprisonné entre quatre murs.
Jacob le conforta dans l'idée qu'il était temps de passer au chose sérieuse, demandant s'il s'agissait d'un déclenchement à distance ou un minuteur.

« Un minuteur. »

Ainsi qu'en cas de fort choc, le tout ayant été pensé pour abattre un monstre de l’ampleur de Guernica. Ou, dans le cas présent, une partie de cette horde. Le déclenchement à distance aurait nécessité plus de déploiements technologiques, et un peu plus de temps alors qu'ils en étaient à compter les heures avant la confrontation finale.
Maintenant, ne restait plus qu'à actionner tout cela.
Tandis que le bus leur faisait des appels de phare, et une flèche tirée du bus vint accompagner les balles de Lorentz en se logeant dans la tête d'un zombie non loin d'eux. Il fallait désormais placer la bombe, au cœur de la horde pour espérer en abattre le plus possible et ainsi dégager la voie.
Mais se faufiler parmi eux n'était pas une idée très vraisemblable. Qui plus est, ils n'avaient toujours pas prévenus le bus. Soit, de toute façon ils n'avaient plus le choix, maintenant qu'ils étaient dehors, et que chacune minute passé ainsi à découvert réduisait leur potentielle durée de vie de moitié.
Morgan arracha d'un mouvement sec le papier recouvrant l'arme, dévoilant la surface métallisé de l'engin.
Bon, puisqu'il n'était pas possible d'atteindre le centre du groupe de goules sans risquer de se faire mordre, une seule solution s'imposait alors.

« Déflagration dans dix secondes! »

Il recula d'un pas, prenant appui sur sa jambe arrière, avant de rejeter son bras en avant pour envoyer la bombe vers l'amas de morts-vivants, redoublant de concentration pour viser pile au bon endroit.
Car certes, exploser le bus conduirait à la fin de leur mission suicide, mais ce n'était pas réellement la fin attendue. Et il risquerait fortement de se faire lyncher, ce qui était tout à fait compréhensible.
L'explosif décrivit une courbe dans les airs, avant de tomber entre les corps décharnés qui s'agitaient dans tous les sens.

Et d'exploser.