Piquer une tête ? [PV Lily-Rose]

Pourquoi elle se dirigeait là ? Aucune idée. Mais elle le faisait d’un bon train. Elle cherchait peut-être un peu de solitude avant la Tempête. Qui sait… Elle poussa la porte d’Atlantis et tout de suite, un parfum de chlore et de putréfaction envahit ses narines. Appétissant. Cela devait bien faire des lustres qu’elle n’avait pas nagé. Faut dire que dans les coins où elle allait, quand elle pouvait se prélasser dans un bain, elle était plus qu’heureuse. Elle regardait autour d’elle. Les vieux casiers, les cabines, les douches. Elle enjamba le pédiluve et se retrouva dans la pièce maîtresse, la piscine en elle-même.

A sa gauche, elle aperçut Athanase. Tant pis pour la solitude alors. Elle se dirigea vers lui. Il chantait en allemand. Probablement pas la plus belle voix du monde, mais qu’est-ce qu’on s’en fichait. Elle se fit glisser le long du mur carrelé et s’assit à côté du borgne. Des vieux corps flottaient dans l’eau. Dehors, le vent soufflait fort, il commençait déjà à pleuvoir à verse. Quel temps pour la Californie ! Elle soupira doucement. Elle ne savait pas dans quel état tout allait se retrouver après l’intempérie.

« Quelle folie ça va être dehors… »

Première phrase. Etat de fait. Elle le savait, les choses risquaient de mal tourner. Plein de choses allaient être détruites. Cela allait être le Grand Bordel. Sans compter l’humeur animée des chiens. Cette fois-ci, elle n’avait pas emmenée avec elle. Une seconde vie à protéger l’embêtait dans sa quête de silence et de solitude. Mais les deux allaient être compromis. Lily avait laissé Oswin endormie sur sa couche, et la retrouverait probablement éveillée et revenant. Elle avait juste besoin de faire un peu le vide et ses pas l’avaient guidée jusque-là.

Nattant distraitement ses cheveux, la brunette regarda dehors. Les cimes d’arbres se pliaient. Elle espérait au moins qu’ils ne se tapent pas Katrina !

[Désolée du délai, SC m'a fait un petit tour en ne mettant pas que c'était répondu !]

« Ca laissera des dégâts probablement autant sur le plan humain que zombie... »

C'était à la fois une mauvaise et une bonne chose. Peut-être que les intempéries mettraient les goules à l'écart, pour un temps au moins. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser. S'ils survivaient à ce qui allait suivre, ils seraient parés pour pas mal de choses. Les chances d'échec étaient à considérer mais elle avait foi dans ce bâtiment. Ce genre d'endroit était censé tenir.

« On constate bien des désillusions en débarquant ici. Tu es arrivé il y a combien de temps ? »

Elle, ça devait bien faire 5 ans. Elle n'avait pas vraiment débarqué avec des étoiles plein les yeux, elle cherchait juste une occasion de prendre un nouveau départ. Elle l'avait eu. Certes, elle s'était embourbée dans une vie de criminelle mais au fond, elle aimait ça. Changer d'identité, l'adrénaline des choses, le changement constant. Il ne lui était jamais arrivé de s'ennuyer. Et puis, elle était toujours fourrée avec Louis et sa passion dévorante. En quelque sorte, elle avait vécu la grande vie. Une vie qui fait vivre plus en quelques mois qu'en une entière existence.

Elle avait muri, était devenue indépendante, forte. Elle était devenue une femme à ses côtés. Certes, elle en avait bavé, mais elle s’était toujours relevée. Parfois, ces moments lui manquaient. Elle rêvait parfois de repartir cavaler sur les routes, sans aucune limite. Elle était alors infinie. Mais cette époque-là était révolue. Elle ne reviendrait pas, et Lily le savait.

Il était donc là à la base pour des vacances. Et il n'était pas sensé venir apparemment. Elle opina, écouta. A chacun sa façon d'arriver au Pays où les Rêves « se réalisent ». De façon traditionnelle ou non d'ailleurs. Il était vrai qu'elle avait perdu la notion du temps. Les jours et les nuits se succédaient sans qu'elle ne les compte.

« Cela fait des mois... Je suppose. Et un bon moment depuis le raid Guernica. Environ une demie-année depuis le tout début peut être ? »

Il lui retourna la question, combien de temps cela faisait-il qu'elle était en Californie. Elle réfléchit. Elle venait d'arriver quand tout avait commencé. Elle se faisait arrêter d'ailleurs, mais elle avait déjà son plan pour fuir. C'était toujours comme ça. L'adrénaline de la prise, l'adrénaline de la fuite. Elle vivait à l'adrénaline, c'est ainsi qu'elle survivait sans craquer, sans jamais s'arrêter, sans jamais se poser. Elle était une nomade.

« J'étais une bourlingueuse, toujours en mouvement, je venais d'arriver en Californie, mais j'y étais déjà passée de nombreuses fois. On s'dit souvent qu'on aurait aimé être ailleurs. Parce qu'ailleurs, c'est toujours mieux. Mais la vérité, c'est que c'est faux.

Le monde est en sang, et on est sensé se contenter de ce centre-commercial comme abri. C'est pas si mal. On a de l'eau, de la bouffe, un peu d'électricité et des commodités, ça pourrait être pire. Au moins, on a un toit. C'est déjà ça... »

Ce n'était pas dit sur un ton de reproche. Elle faisait constatation de certaines choses qui lui étaient passées par l'esprit ces derniers mois. L'envie d'être ailleurs, là où c'était moins pire. Mais tout était aussi pire. Ils avaient juste des circonstances atténuantes.