Traumatisme || Pv. Madeleine

En voulant se promener ce matin, entendre par là qu'il voulait faire le plein d'objets, ne sortant jamais du refuge totalement par hasard, Malik avait fait une rencontre dont il se serait bien passée. Celle d'une horde de zombie qui, bien sûr, n'avait pas tardé à le repérer et marchait désormais lentement dans sa direction. Il avait donc couru le plus vite possible, espérant ainsi leur faire perdre sa trace en attendant de trouver un endroit sûr où se retrancher. Comme si une entité bienveillante et supérieure veillait sur lui, il ne tarda pas à apercevoir la chapelle et, se hâtant de pousser ses lourdes portes, s'y engouffra. Le jeune homme s'assit sur un des bancs pour reprendre son souffle et ses esprits. Ceci fait, il se sentit soudainement envahis par un vague sentiment de honte. L'édifice était une construction chrétienne, religion qui lui était presque étrangère... il n'avait donc, théoriquement rien à faire ici et s'en voulait un peu de bafouer ainsi les croyances d'autrui, tel un touriste athée -Ou mes parents, mais mes parents sont pas athée- venu visiter une église pendant les vacances d'été, pour conclure une promenade, "par ce qu'elle est belle". Quoique, c'était presque pire dans son cas puisqu'il était musulman et trahissait son Dieu en plus de profiter de l'hospitalité de celui des Chrétiens. Ils pouvaient pas plutôt construire une mosquée ? Putain.

Les zombies, eux, n'en avaient que faire de Madeleine.
C'était d'ailleurs un phénomène quelque peu étrange de voir la grand-mère passé à travers une horde toute entière de zombies, en se prenant pour Moïse face à la mer rouge, sans qu'un seul d'entre eux ne se retourne vers elle en menaçant de lui croquer son cou ridé. Peut-être que c'était justement à cause de ça, qu'ils ne la mordaient pas : les rides rendaient tout de suite sa chaire moins attirante que celle de tous ces jeunes qui se baladaient librement dans le refuge.
En parlant de jeune, n'y avait-il pas dans ce mall une personne âgée de plus de 70ans ?! Il fallait croire qu'elle était la seule survivante de la génération ayant eu la chance d'aller à Woodstock -et de revenir enceinte de Woodstock, mais ça c'était une autre histoire-.
Gambadant dans les couloirs de la Old Portion, elle se dit qu'elle passerait bien de l'autre côté du mur. Elle se sentait l'âme vagabonde, comme tous les jours, et ne s'en priva donc pas. Escaladant les débris, profitant des brèches, elle arriva donc à Sun Plaza.
Bien bien. Et maintenant, où aller ?
Elle n'avait pas besoin de thé. Avait déjà suffisamment embêter les gentils survivants du Refuge. Tournoyant sur elle-même sur la place, son regard buta alors sur quelque chose. La chapelle !
Se ravisant, Mémé marcha dans sa direction, ignorant totalement goules et autres bandits du Mont-de-Piete. Sa chance lui conférait l'immortalité, de toute façon. Elle poussa la porte entrouverte de l'église, pénétrant en toute impunité dans ce lieu sacré.
S'avançant dans le large couloir central, elle s'approcha de l’autel, pliant à demi les genoux en exécutant le signe de croix, les yeux dirigé vers le ciel.

« Au nom du père, du fils et du St-Esprit. Et de Jimi Hendrix, aussi. »

Même si ce dernier n'était guère un martyr ou quoi que ce soit, il méritait bien sa place parmi ces grands là nommé avant. Et de toute façon, il n'y avait plus de curés pour la reprendre, alors elle interprétait comme bon lui semblait la religion !
Et puis, elle l'aperçut alors.
Ce ptit gaillard typé arabe, qu'elle avait déjà rencontré une fois, en compagnie du géant au long cheveux. C'était les deux premiers survivants du Refuge qu'elle avait croisé d'ailleurs.
Elle s'approcha de lui, avant de tendre sous son nez une boite de pastilles.

« Tiens, prend un bonbon à la menthe mon ptit ! »

Car Mémé adorait nourrir d'une façon ou d'une autre tous les humains non contaminés qu'elle croisait.