#Souague || Libre

Malik avait besoin de fringues. Alors Malik était venu.
Par ce que c'était bien beau d'avoir un pull relativement épais sur le dos et un jean mais au bout d'un moment c'était pas mal non plus de se changer. Alors tant qu'à faire de faire il avait choisi cette boutique de vêtements hors de prix. Avant l'apocalypse son petit boulot ne lui permettait pas de s'offrir ce genre de choses malgré le fait que certaines fringues le faisaient vraiment baver, il aimait être bien habillé. Mais maintenant que tout était gratuit, il n'allait pas se gêner pour enrichir sa garde robe et accessoirement se faire plaisir avec de beaux vêtements.
De bonne humeur, il avait envie de siffloter en parcourant les longs rayons. Hélas faire ça c'était prendre le risque de rameuter toutes les goules, qui devaient être plutôt nombreuses, se trouvant dans les parages. Par conséquent il ferait son petit shopping le plus discrètement possible et repartirait rapidement après avoir trouvé la perle rare. L'endroit était plutôt grand. Il s'y trouvait forcément un truc à sa taille, d'une couleur portable et surtout non souillée par des fluides zombies. C'était beau de rêver.

Angela cédait sans vergogne à la tentation d'avoir plus de vêtements, mais à vrai dire, elle réalisait qu'elle en avait peu.

Elle avait quelques hauts, quelques pantalons, une robe, deux paires de chaussures dont une seule était vraiment prudente pour aller dans un centre commercial brisé, mais lorsque l'ont sortait tous les jours dans la chaleur de la Californie, on aimait bien avoir du change. Et puis au pire, on en avait jamais assez, hein. Et le shopping était un bon moyen de détente !

La jeune femme avait enfilé aujourd'hui son débardeur rouge bordé de dentelles, et le slim sombre qu'elle avait trouvé au Rock'n'Clothes il y avait déjà quelques temps. Elle se sentait d'humeur estivale, et il était donc temps de renouveler un peu. Elle rentra dans le magasin, son pupitre de défense à la main, et elle commença à explorer les étalages.

Cependant, son intérêt fut vite dévier par un tas de billets étalés sur le sol. La médecin décompta 50$, et décida de les garder. Ca pouvait toujours servir, après tout. Les mecs du Mont-de-Piété prouvaient qu'au milieu d'une catastrophe, il restait des pourritures qui ne s'occupaient que du fric. Elle rangea le tout dans sa poche, et alors qu'elle continuait son exploration, elle tomba nez à nez avec un jeune homme.

Le teint basané, les cheveux bruns un peu en bataille et les yeux verts, elle reconnut un des réfugiés. Elle savait qu'il avait un nom typé maghreb, mais elle ne le connaissait pas bien. Sa timidité maladive reprit vite le dessus comme elle parlait avec prudence.

" S...salut..."

Angela, miss flipette.

Instinctivement il abandonna ses recherches quelques secondes en entendant des bruits de pas venir vers lui.
Fort heureusement ce n'était qu'une jeune femme du refuge. Il ne connaissait pas son nom, n'ayant malheureusement pas encore fait beaucoup de connaissances ici. La fille semblait assez timide, à la manière dont elle l'avait salué. Malik lui adressa un sourire gentil.
Faut pas avoir peur voyooons.

▬ Salut ! Je m'appelle Malik.

Il l'invitait ainsi à se présenter en retour.
Ses yeux verts se posèrent sur un soutien-gorge, visiblement propre. Bon ben ce ne sera pas lui qui le porterait, il n'avait malheureusement pas assez de poitrine pour et de toutes manières, si c'était le cas, sa virilité en aurait été gravement atteinte. Sourire aux lèvres il attrapa le vêtement pour le tendre à la jeune femme. C'était assez bizarre d'offrir des dessous à une presque parfaite inconnue mais ce genre de trucs pouvaient s'avérer bien utiles alors pourquoi l'en priver ?

▬ Je suppose qu'il te servira plus qu'à moi.

Il n'avait aucune idée de la taille de sa poitrine, et ne voulait d'ailleurs pas le savoir, mais ça devrait aller. Il n'y connaissait pas grand chose de toutes manières et au pire libre à elle de le filer à l'une de ses copines.

L'homme face à elle esquissa un sourire gentil, et se présenta doucement.

▬ Salut ! Je m'appelle Malik.

Angela sourit en retour, et Malik commença à observer aux alentours. Il chercha des vêtements, et finit par tomber sur un soutien-gorge. Qu'il....décida de lui offrir.

▬ Je suppose qu'il te servira plus qu'à moi.

Angela ouvrit des yeux choqués et vira au rouge pivoine en attrapant le vêtement. Est-ce que c'est tromper, ça ? La jeune femme ne savait pas quoi faire, donc elle le garda temporairement sur elle, et décida qu'elle verrait peut-être pour le donner à quelqu'un d'autre. Engel, si c'était à sa taille. La jeune fille bafouilla en répondant à Malik.

" M...Merci...et...je suis Angela. Je...suis le médecin du refuge. "

Une étudiante en médecine projetée au milieu d'une catastrophe.
Elle sourit faiblement, quand soudain un grognement réagit, tout proche d'elle. Tendue, la jeune femme fit un écart brusque, trébuchant et tombant sur le sol. Des hurlements commençaient à se faire entendre, et Angela serra son pupitre en tremblant. Elle leva ses yeux bleus sur Malik.

" Faut qu'on parte. R...récupère tout ce que tu peux...en sortant. "

Elle détestait cette apocalypse. De toute son âme.

La jeune fille s'empourpra lorsqu'il lui tendit le vêtement et, bafouillant, se présenta à son tour.
Elle était donc médecin. En voilà une profession utile en temps d'apocalypse. L'une des rares restantes. Lui même ne pensait pas vendre de jeux-vidéos de sitôt, à moins que les zombies se prennent de passion pour les nouvelles technologies. Désormais les gens ne pensaient plus vraiment à se divertir grâce à des futilités comme ça avait pu être le cas avant. Ils voulaient tout simplement survivre à la catastrophe, se procurer de quoi se sustenter et être soignés par des gens comme Angela lorsqu'ils étaient blessés. Et Dieu seul savait à quel point cela arrivait souvent. Personne n'était vraiment à l'abri des ongles des mort-vivants ou même d'une vilaine entorse en voulant prendre la suite. Dans ces cas là les médecins étaient une véritable bénédiction.

Il sursauta en entendant un grognement. Angela, elle, venait de trébucher. Ni une ni deux il se baissa pour l'aider à se relever et l'attrapant par le poignet il courut dans le magasin en l’entraînant avec lui. Par chance il avait pris soin de repérer la sortie la plus proche, celle ci atteinte ils pourraient rapidement rentrer au refuge. Du moins c'est ce qu'il espérait. Dans sa course folle son regard se promenait brièvement sur les rayons proches d'eux, à la recherche de choses intéressantes qu'il pourrait embarquer au passage. De sa main libre il attrapa alors un pul à col roulé soigneusement plié et posé sur une petite table. Ce n'était pas trop son style de fringues mais ça pouvait toujours être utile.
En attendant il apercevait enfin la sortie. Accélérant, il s'engouffra dans l'ouverture.