[NETTOYAGE DU TOIT] So here we are, again.

Après la répartition rapide des tâches à la Salle de Contrôle, Jacob avait fait un saut par le Dortoir.

Il avait une fois là-bas été accueilli par un chiot à demi-hystérique - qui n'avait toujours pas de nom, d'ailleurs - et une tortue totalement indifférente. Les élans d'affection du petit chien - qui était moins petit qu'avant, en fait... - tempérés, il avait pu troquer son jean contre le bermuda qu'il avait dégotté au cours d'une excursion, et avait rangé à la va-vite son t-shirt dans son casier. Le soleil tapait déjà fort et il était inutile de s'embarrasser inutilement. Jacob avait beau être timide, il savait qu'il était des limites à ne pas franchir, et il était, de surcroit, joué par une post-ado aux hormones un peu frivoles et à l'amour du mâle infini. Par conséquence, et tant pis pour la capacité à rougir plus vite que son ombre d'Angela - qui serait sûrement plus occupée à mater Nathan que lui, donc ça tombait bien -, il avait l'intention de s'activer torse-nu. Parce que de toute façon c'est ce que moi - qui suis à moitié à poil derrière mon écran - j'aurais fait à sa place donc y a pas de raison. Il avait suffisamment peu de hauts à se mettre comme ça. En ruiner un pour quelques cadavres, non mais yolo, merde.
C'est donc ses lunettes de soleil sur le nez, la grosse majorité de son torse et de ses bras bandés et le chien à ses trousses qu'il débarqua sur le Toit, ouvrant et refermant la porte avec discrétion, dans le but de ne pas trop se faire remarquer. Jacob était une ombre : préférant l'invisibilité à la sur-visibilité - ce qui venant d'un mec avec une coupe de sapin pouvait s'avérer un peu osé -, il souhaitait oeuvrer le plus possible de son côté. Il n'avait de toute façon pas vraiment le courage ni la force de taper la discut' avec quelqu'un de façon trop poussive. Je passerai pour une fois sur ses problèmes de manque et de drogue et de migraine, parce que je pense que je les détaille suffisamment dans mes autres topics pour pouvoir m'en dispenser, pour une fois.

Jetant un rapide coup d'oeil aux deux autres survivants déjà présents ici, bien dissimulé derrière les verres à effet miroir de ses aviator - dont la monture argentée luisait avec panache sous le soleil déjà bien haut -, il s'éloigna rapidement d'un pas silencieux vers les cadavres qui gisaient plus loin, veillant à s'éloigner suffisamment des deux autres pour pouvoir ne pas interférer dans leur éventuel règlement de compte. Là, après avoir rapidement vérifié qu'aucune plaie ne se situait sur ses mains ni à proximité de ses dernières, il attrapa un premier cadavre par les chevilles et commença à le traîner vers la pile qui s'amassait au bord du vide. Sa gorge se noua lorsque le fumet pestilentiel du tas de carne cramée par les UV s'infiltra dans ses narines et tous ses muscles le tiraillèrent sous l'effort. Un peu plus loin, son chiot s'approchait de celui qui accompagnait d'ordinaire Nathan.

Il faudrait trouver quoi faire de cette montagne de cadavres pas la suite. Dammit.
La vie était si compliquée.

[ PARDON J'ARRIVE ]

Jacob n'avait jamais été très branché ésotérisme, ce genre de truc. Tout au plus s'était-il laissé prendre au jeu pendant leurs soirées films d'horreur, à Luka, Lise, Alice et lui. Mais ca s'arrêtait là. Il était un esprit rationnel qui n'acceptait tout simplement pas que la magie puisse exister - quand bien même il était en ce moment-même en train de débarrasser un toit de mall des cadavres de zombies qu'il y avait disséminés au cours de son combat face à une espèce de créature mutante qu'on aurait crue tout droit sortie de The Thing de Carpenter...
Pourtant, là, tout de suite, il avait l'impression d'être harponné par les ondes négatives.

Ou alors le vrombissement qui grondait dans ses tympans n'était que l'écho des ronflements de mon père, actuellement étalé sur mon lit, derrière moi, dans mon 20m², dans cette 'ville' de dégénérés que certains ont eu l'audace de nommer BESANCON en des temps immémoriaux. Sérieux, c'est chiant... et si ce bâtard de Wifist commence déjà à merder au bout d'une heure à peine, je vais vraiment, VRAIMENT, tuer quelqu'un... OH REMARCHE TAMERE

Nathan lâcha d'un ton sec qu'il aurait été judicieux de récupérer des fringues, si celles-ci étaient en bon état. Il eut le réflexe de regarder le corps qu'il était alors en train de s'affairer à traîner : c'était un homme, un homme avec une chemise blanche. Exactement ce qu'il lui fallait.
Sauf qu'elle suintait le jaune et le rouge et le marron et était déchirée et absolument dégueulasse.
Merde. Merde merde merde.
Haussant les épaules, il se remit à la tâche, continuant de tirer le cadavre jusqu'à la pile. Derrière, un peu plus loin, Angela s’avançait d'un pas - qui se voulait - décidé vers Nathan, lui tendait un blouson en cuir, et lui parlait d'une manière étonnamment couillue pour... Angela. En tendant l'oreille sans trop le vouloir - sans Filippo, il se retrouvait seul avec les deux, à tenir une chandelle qui pour l'instant ressemblait plus à un pétard en puissance qu'à un petit cierge chaste, et c'était chiant, et bien malgré lui, il ne pouvait qu'entendre, quand il était tout proche, ce qu'ils se disaient -, il constata qu'elle s'adoucissait sur la fin. Il n'eut pas grand mal à l'imaginer rougissante et soudainement renfrognée.
Ne retenant pas plus longtemps un soupir, il en profita pour jeter son cadavre - et sa chemise hors d'état - sur la pile, dans un bruit sourd et remarquablement flasque. Presque immédiatement après, il entendit un concert d'aboiements aigus qui se rapprochait de lui rapidement. En se retournant, il vit son chiot qui accourait ventre à terre vers lui, poil un peu hérissé, queue raide et oreilles dressées, visiblement curieux de voir ce qu'il se passait de son côté. Le chien avait momentanément délaissé celui de Nathan pour venir voir ce que faisait son maître. Il lui jeta un regard perçant - que Jacob crut même un peu accusateur - avant de tendre le museau en reniflant l'air, un peu comme Chips, quand je l'appelle pour qu'il vienne vers moi ou rentre dans l'appart', et qu'il fait semblant de voir son attention totalement détournée de moi par un courant d'air chargé d'odeurs qui n'existe PAS. CONNARD.
Jacob considéra le chiot quelques secondes, avant de décréter d'une voix rocailleuse qui eut au moins le mérite de le faire se sentir moins seul au milieu du feuilleton télévisé sur fond de violons qui se jouait à côté :

- Depuis quand t'es aussi excité... ?

Sans déconner. Avant ce chiot était un ange et voilà qu'il se transformait en... gamin hyperactif.
... il allait vraiment falloir commencer à le dresser.
Et lui trouver un nom, déjà, pour commencer.

Il fallut renoncer à l'idée de voir Filippo arriver et continuer à RP un personnage SEUL DANS SON COIN AVEC UNE SCENE SENTIMENTALE A COTE MERCI.

Quelque chose heurta son mollet et il baissa les yeux sur le chiot de Nathan qui, de son côté, tentait de récupérer son copain de jeu en sautillant gaiement autour de lui, dans l'espoir d'attirer son attention. Le petit blanc, lui, restait imperturbable. Tout au plus jeta-t-il un regard rapide à Taluk lorsque ce dernier vint vers lui. Néanmoins, Jacob n'eut pas de mal à deviner qu'il avait plutôt envie de retourner jouer avec l'autre - il suffisait de voir ses oreilles qui tendaient à aller vers l'arrière et sa queue qui battait discrètement. Pourtant, rien, il restait là.
Parfois, Jacob se demandait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce chien.

Nathan rappela son animal à l'ordre d'un cri sec qui fit légèrement sursauter le petit blanc. L'autre chien finit par s'éloigner, tête basse. Ne restèrent plus que Jacob, le chiot, et le cadavre qu'il s’efforçait de traîner jusqu'au tas.

L'esprit de Jacob faisait tout pour détourner son attention du dialogue tumultueux qui se poursuivait plus loin mais il lui était bien difficile de faire abstraction de la scène qui se jouait à côté, dans la mesure où chez lui, là, tout de suite, il ne se passait... rien. Il aurait presque voulu que ce chiot sache parler, histoire de pouvoir taper la conversation, tranquillement. Mais non, évidemment. Il était condamné à vivre un monologue.
Il haussa un sourcil lorsqu'il s'entendit traité de kamikaze mais ne releva pas. C'est lorsqu'Angela retourna vers un Nathan visiblement bien échauffé et lui fit une fabuleuse déclaration qu'il décréta qu'il était grand temps... de faire quelque chose, merde. Prenant une grande inspiration, il serra les chevilles du zombie et termina de l'amener jusqu'à l'amas de restes qui s'entassaient plus loin, son chien aux trousses. Puis, terrorisé à l'idée d'être présent à la phase cruciale du baiser sur fond de violons, il saisit une perche imaginaire.
Se dirigeant discrètement en direction de la porte qui conduisait au Dortoir, il veilla à contourner de loin les tourtereaux, laissant le maximum de distance possible entre leur petite bulle toute rose et son monde moisi à lui. Arrivé finalement sur le pas de la porte, qu'il ouvrit, il déclara sans trop se soucier de s'il allait être entendu ou non, juste pour justifier son départ :

- Je vais voir où en est Filippo.

Et ni une ni deux, le chiot avec lui, il quitta le Toit en refermant la porte derrière lui.