Maid of Ace | Mythri

Icare n'avait plus vraiment de fringues, ni spécialement de goût en la matière. Icare aimait le pratique et le confortable, bleu de préférence, mais sans se montrer trop tatillon : tant qu'il rentrait à peu près dans ses vêtements sans avoir l'air ridicule, il était heureux. C'était donc dans le but de faire de nouvelles acquisitions que le jeune homme avait quitté le refuge, accompagné de Mythri, elle aussi en dèche de sapes et avec qui il était visiblement bien parti pour passer la journée. Ce qui mettait un peu de piment dans la promenade et le changeait des errances solitaires.

Mais apparemment, il n'était pas du tout au bon endroit. L'enseigne vert-de-gris sur laquelle clignotait un néon en forme de drapeau américain n'évoquait pas vraiment un magasin de vêtements. Dans un sourire, Icare se tourna vers la jeune indienne.

— Maintenant qu'on est arrivés, il faut que je t'avoue un truc : j'ai le pire sens de l'orientation au monde.

Avec une pointe d'amusement, le musicien s'aperçuT qu'il n'avait jamais fat part de cette lacune à quiconque au refuge, alors qu'il n'avait eu aucune gêne à le faire à Mythri. Ce n'était pas si étonnant : il commençait à perdre sa fierté mal placée, comme il était parfaitement légitime de le faire dans ce genre de situation - comprendre, merde, y'a des zombies autour putain - et comme il avait sacrément commencé à la perdre depuis quelques mois. Et ça ne le dérangeait absolument pas, comme s'il avait actuellement des problèmes plus grand que la perte de son amour propre.

Et pour l'heure, il n'avait pas voulu s'épargner une boutade absurde et cynique.

— Allons-y o/

[PUTAIN MAIS TU VEUX NOUS LES TUER OU QUOI ? Tu connais ma chance aux dés... te voilà prévenue u_u]

Mythri avait tiqué en voyant que Icare se dirigeait vers l'armurerie -sort of- mais n'avait rien dit. Elle supposait qu'il savait ce qu'il faisait, et en l'entendant s'excuser -sort of bis- platement, Mythri se dit que finalement, elle aurait mieux fait de l'ouvrir, sa grande gueule. Parce que là, pour le moment, ils étaient dans l’armurerie. Enfin, pas tout à fait dedans. Mais presque, quoi.

─ C'est con, parce que moi si... mais je croyais que tu savais où tu allais. Bah, maintenant qu'on est là... Allons y gaiement.

Mythri était un peu surprise, à vrai dire : elle pensait que l'armurerie -Deposit of US Army- était toujours interdite au public. Gros guillemets à ce mot, bien sûr. Quel public ? Le seul spectacle auquel ils risquaient d'assister -et risquer était bien le verbe adéquat, pour le coup- c'était la mort subite d'un camarade, d'un inconnu, ou même la leur. Joie, tripes et festivités de fin d'année.

─ J'ai toujours voulu sortir cette réplique de merde un jour : je te préviens, si on meurt, j'te tue.

Car Mythri n'était pas seulement surprise : Mythri avait peur, aussi. Ouais, elle flippait sévère, et n'essayait pas vraiment de le cacher. Elle pensait que ce n'était pas visible : pas de tremblement dans la voix -audible, donc, certes- ni dans les mains. De toute façon, pourquoi diable est-ce que Icare aurait regardé ses mains ?

Lesdites mains se crispèrent sur la batte de baseball que Mythri avait eu le bon sens d'apporter. La batte, et le couteau, dans sa poche. Elle avait aussi emprunté le sac qu'avait trouvé Alice quelques jours plus tôt. Moche, mais fonctionnel. S'ils avaient de la chance, ils pourraient mettre leurs trouvailles dedans.

Camarades... May the odd be ever in our favour. And let the Games begin.

-dé. Je flippe.-
Putain de bordel de loutre, ce salaud ne fonctionne pas... Pourtant, tout y était, mon coeur battait bien, je sentais venir la tuile... Et rien. Bien sûr. Conclusion, j'applique le protocole : dé foireux, attaque zombie foirée.
Rien à signaler, donc, devant nos deux héros -sans peur et sans reproche. Ils avançaient lentement, en prenant garde à leur environnement. Mythri sentait son coeur palpiter quelque part dans son estomac, ou un truc comme ça. C'était désagréable, et elle avait l'impression qu'elle n'allait pas tarder à vomir. Pour deux choses : elle avait les jetons, et surtout, surtout, l'odeur était horrible. Genre, vraiment.

Le premier rayon vers lequel ils se dirigèrent -du moins Mythri- fut celui des armes et des munitions. Inutile pour la jeune femme de s'intéresser aux vêtements : elle n'avait pas la carrure d'un GI. Il lui manquait dix bons centimètres pour faire la taille réglementaire -la taille imposée à une femme pour s'engager. Alors, trouver des rangers en taille 35... Vous plaisantez.
Mythri fourra donc dans son sac un pistolet. Elle n'y connaissait rien, en armes à feu. C'était petit, ça tirait, ce n'était pas un fusil. C'était tout ce qu'elle aurait été à même de dire. Pour le moment, pas de munitions. Arme inutile, donc, sauf éventuellement pour assommer -tuer- une goule avec la crosse. Mais Mythri sentait que s'ils étaient amenés à croiser une goule, elle ne serait pas seule.
Lorentz, j'espère que tu es devant ton écran, parce que tu risques d'avoir besoin de venir nous sauver dans pas longtemps, connaissant ma veine. Ouais. Encore. Pardon.

Mais après tout, tout pouvait bien se passer...
Mais Mythri n'avait jamais été une grande optimiste. C'était Jill, l'optimiste, et Jill n'était pas là. Il avait même toutes les chances d'être mort. Alors... Le pessimisme ne paraissait pas être une façon si absurde d'aborder la -sur-vie.

[Nan mais c'est pas ici l'armurerie :v Ils vont survivre u_u]


─ C'est con, parce que moi si... mais je croyais que tu savais où tu allais. Bah, maintenant qu'on est là... Allons y gaiement.

Boum, mort de l'humour.
Sa vanne était assez pathétiquement tombée à plat devant le risque que présentait la situation, risque que lui même représentait allègrement en errant au pif dans les couloirs, risque dont il n'avait, en plus pas forcément confiance. Icare le savait - ce qui n'avait d’ailleurs aucun effet sur une évolution vers un changement de comportement de ce côté-ci - il avait une fâcheuse tendance à se foutre dans la merde par pure inconscience de môme de six ans. Et là, reconnaissant qu'il avait peut-être fait une connerie, il commençait presque à avoir envie de bouder dans son coin de manière particulièrement puérile.

─ J'ai toujours voulu sortir cette réplique de merde un jour : je te préviens, si on meurt, j'te tue.

Bon au moins, la petite indienne n'avait pas complètement perdu son humour. Ce qui était nécessaire, après tout : tout prendre au second degré lui avait permis de ne pas complètement sombrer dans la paranoïa, même si dans son cas, c'était à l'extrême. Et tout de même, il se sentait un peu coupable parce qu'à chaque fois qu'il faisait une grosse connerie, c'était Mythri qui trinquait, et que Mythri était, tout de même, une de ses seules potes au refuge, avec Morgan.

Sans dire mot - ce qui était le comportement le plus intelligent, pour une fois qu'il se donnait la peine d'y réfléchir, à adopter dans cette situation - le jeune homme suivit sa compagne d'infortune à l'intérieur.

- dé, moi aussi je suis une putain de grosse veinarde haha -

Bien heureusement pour Icare - qui ne s'était éloignée de sa comparse que de deux ou trois rayons, parce qu'il avait vu assez de films d'horreur pour savoir que se séparer était à peu près le pire comportement à adopter dans ce genre de situation - tous les dés du dépôt était mort, et il choisit donc un pantalon à motifs camouflages qu'il mit dans sa sacoche. Il ne possédait qu'un pantalon de jogging et son jean gris, et ce n'était pas réellement suffisant pour assurer une garde-robe décente.

Son butin rangé, il se dirigea vers l'endroit d'où venaient des sons qui s'apparentaient à une fouille, supposant que Mythri s'y trouvait.

— Tu as dégoté des merveilles ?

Histoire de rattraper un peu sa bourde.

[Oups en effet, la description du lieu m'a induit en erreur x) N'empêche qu'on a une chance de cocues que les dés ne fonctionnent pas, sinon c'était zombies assurés à tous les coups :v
mais du coup j'ai l'impression de cheater, j'aime pas :c]


Mythri avait suivi Icare, enfin, plus ou moins. Elle ne savait pas exactement quoi prendre dans cette caverne d'Ali-Baba des armes et du treillis. Elle n'avait pas besoin de grand chose. Elle avait déjà une arme -elle venait de la trouver, si vous suivez- et ne savait pas si c'était une très bonne idée d'en ramener d'autres. Après tout, elle ne savait pas trop ce que pourrait en penser Lorentz. Mythri était revenue de son erreur, et venait de se rendre compte qu'ils n'étaient pas dans l'armurerie où Jacob et Morgan avaient trouvé gentil toutou-Guernica. Elle n'était que peu rassurée : elle savait qu'il y avait deux stocks d'armes -presque épuisés, par ailleurs- dans le mall, tous les deux infestés de goules. De pauvres types qui avaient essayé de s'armer... Avant de mourir. Et depuis, avec un peu de chance, ils étaient toujours là, assis dans un coin, faméliques, attendant que l'opportunité d'un repas passe à leur hauteur -pour lui saisir la cheville, et mordre à pleines dents.
Mythri regarda donc Icare prendre un pantalon avec un peu d'envie. Il ne fallait pas se mentir : elle manquait cruellement de fringues, et était assez frustrée que tous ces pantalons militaires super classes -son point de vue, discutable peut-être- ne lui soient pas destinés. Mais un pantalon à la bonne taille était plus pratique pour courir. Et chez les militaires, pas de taille enfant -you don't say. Enfin, pas aux Etats-Unis en tout cas.

─ Un truc qui tire des balles. Je suis une bille en ce qui concerne les armes, mais je suis sûre qu'avec des munitions, et en sachant tirer, ça peut être plus utile qu'une batte de base-ball. Peut-être.

Mythri sortit l'arme du sac, et la montra à Icare. Elle doutait qu'il soit plus avancé que lui sur le sujet -dans la tête de Mythri, c'était catégorique : un mec qui joue du violon ne peut pas être un fana d'armes à feu. Point -ou presque.
Cette fois-ci, le lien du dé me donne un indice : poignet. J'ai donc tapé us army poignet sur Google. Et je tombe sur des montres. Classes, mais je ne pense pas que ce soit ça... Quoi qu'il en soit, le Grand Google a décidé : Mythri vit son attention attirée par une montre qui gisait sur le sol, juste à ses pieds. Ce qu'elle foutait là, aucune idée, mais le fait est qu'elle y était, et que Mythri était à deux doigts -orteils- de l'écraser avec son pied. La montre était plutôt jolie : elle ressemblait un peu à une boussole. Mythri se dit qu'elle allait la garder -voir si elle ne parvenait pas à la faire fonctionner. L'heure ne voulait plus dire grand chose, mais il était toujours plaisant de voir le temps s'écouler. Juste histoire de se donner une vague idée, par exemple.