→ Le butin {Mission | Mythri + Lorentz}

Ils avaient la bête, ils avaient fait le chemin... Mais finalement, il fallait encore présenter madame à Lorentz.
Normal, il fallait bien montrer ce qu'ils en avaient fait, et peut-être l'informer de la nouvelle résidente du toit... S'il en voulait bien ? Il avait peur qu'il refuse, que la chèvre soit trop encombrante ou dur à nourrir. Mais au final une chèvre ce n'était pas si horrible ? Cela broutait un peu de tout à son souvenir, il suffirait de lui laisser un enclos assez grand sur le toit pour qu'elle s'épanouisse. Mais elle n'aurait pas d'herbe. Était-ce possible de faire pousser de l'herbe sur le toit ? Il supposa que pas facilement en tout cas. Peut-être s'ils surélevaient comme pour le potager en mettant de quoi faire suffisamment de nutriments à l'herbe ? Il s'embrouillait l'esprit et il trouva que ce n'était pas bon. Il chassa tout ça de sa tête, se concentrant sur le but final et la fin de la mission.

Il tenait toujours la biquettes dans ses bras, sans être trop encombré. Elle n'était pas vraiment lourde puis-ce que c'était une chèvre naine. Elle bêla d'ailleurs un peu, montrant son agacement d'avoir été trimballé un bon petit moment ainsi, surtout en intérieur. Il regarda Mythri qui avait ouvert la voie. Il supposa qu'elle savait qu'ils fallait qu'ils aillent chez Lorentz ? Peut-être pas.
Il déclama donc simplement.

─ Bon, plus qu'à aller la montrer au chef, j'imagine. Puis regarda la jeune amérindienne à nouveau.

Ils arrivèrent bientôt au bureau du dit chef, d'ailleurs. Sergen laissa la jeune femme toquer, il supposa en tout cas qu'elle le ferait sans doutes et ouvrirait.

Et en effet, Mythri toqua, avant de pousser la porte.
C'était une mauvaise habitude qu'un peu tout le monde au refuge avait développé. Lorentz, c'était un peu comme un secrétariat de fac. Quand on toque, on n'entend pas la réponse, sinon un grognement. Alors on entre comme des gros barbares, et s'il ne fallait pas, on se fait engueuler. Question d'habitude, probablement...
Mythri poussa donc la porte, et se racla timidement la gorge pour signer sa -leur- présence au chef de la sécurité. Grenadine bêla, comme pour la soutenir dans sa démarche. C'était bien, cela lui faisait chaud au coeur. Mythri prit la parole, expliquant la situation.

─ On l'a retrouvée, Lorentz. On pense qu'on va la garder... Avec un peu de chance, elle pourra produire du lait!

Et on fait plein de choses avec un peu de lait, non ? L'horizon merveilleux des yaourts, fromages, chocolats chauds, latte et autres crèmes glacées s'ouvrait à eux. Ouais, bon, pour ça, il aurait déjà fallu qu'une seule chèvre produise assez de lait pour alimenter trente personnes. Le fromage et les yaourt seraient juste un petit extra, alors, pas leur quotidien... oui, tout à fait.

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─ On l'a retrouvée, Lorentz. On pense qu'on va la garder... Avec un peu de chance, elle pourra produire du lait !

— Vous êtes au courant qu'une chèvre a besoin d'un chevreau pour produire du lait, n'est-ce pas ?

Celle-ci était trop jeune pour pouvoir être gestante, mais de toute manière, aux dernières nouvelles, ils ne comptaient pas de bouc parmi leurs effectifs.

Mythri se fit toute petite. Si jamais c'était possible. Un peu plus, et elle pourrait allègrement s'enfuir en passant sous la porte -fermée.
Elle se lança donc dans un combat perdu d'avance, tentant de défendre son point de vue.

─ Oui oui... mais on s'est dit, euh... que peut-être elle en avait eu un y'a pas longtemps... un truc comme ça...

Sa voix finit par se perdre, quelque part, loin, loin, loin. Finalement, s'enfuir sous la porte, c'était une bonne idée. Non ?
Quand soudain, une brillante idée lui vint. Ouais, brillante, rien que ça. Ou au moins, un minimum plausible. Ils ne s'étaient pas emmerdés à attrapper Grenadine juste pour la manger, alors qu'ils auraient eu plus vite fait d'aller au supermarché voir s'il restait quelques boîtes de conserves au sol, ou dans les rayons... Et puis merde quoi, c'était dégueu. Ils n'avaient même pas de quoi la faire cuire. Carpaccio de chèvre, très peu pour elle.

─ Elle pourra toujours amuser les gosses... C'est sain, de s'occuper d'un animal, ça met un peu de gaieté et ça peut occuper ceux qui ne veulent pas sortir... elle est toute gentille en plus, et elle ira tellement bien avec les poules... Pas vrai Sergen ?

Elle tentait de prendre le géant à parti, espérant qu'il ne la lâcherait pas sur ce coup là. Elle savait d'avance qu'elle ne toucherait pas Lorentz avec des arguments bucoliques... Mais quitte à passer pour une idiote, autant y aller à fond...

La situation était un peu étrange, en fait, Mythri s'était trompée puis-ce que la chèvre ne produisait pas encore de lait. Lorentz l'avait corrigé et elle s'était aggripée à lui dans l'espoir qu'il l'aide. Sergen était totalement décontenancé par la situation, mais il eu très vite une idée pour rebondir, espérant ainsi par la même occasion sauver un peu l'honneur de la jeune indienne. Il posa un peu Grenadine au sol, la maintenant cependant avec ses jambes. Cela ne devait pas être agréable d'être ainsi trimballé. Mais il ne fallait pas non plus qu'elle mette le bordel dans le bureau de Lorentz.

─ Nan, elle fera pas de lait si elle a pas de chevreau, mais comme elle est apparut de nul part, 'ai bon espoir que y'ai p'tet un bouc dans le coin.

Au final, c'est vrai qu'elle était apparue de nul part, il n'avait pas eu vent d'autres caprins dans le coin, en fait. Il continua quelques secondes après, essayant de ne pas avoir l'air trop bourru et de soutenir Mythri dans ses arguments.

─ Ça fera une présence, j'avoue. On a bien commencé à collectionner les poules aussi donc bon. Un animal de plus, un de moins... ironisa t-il. Puis c'est plus rentable de la garder vivante, y'a rien à manger là-dessus. conclut-il.

Il désigna donc la biquette en faisant un geste des mains pour montrer sa taille, elle était naine, très petite, et ils étaient une trentaine. Cela ne nourrirait que très peu. C'était plus simple de la garder dans l'espoir d'avoir un bouc un jour, donc des petits, et d'avoir un élevage correct d'animaux au pire des cas. Puis ils auraient du lait au moins si ce cas de figure se présentait.

A en juger par la manière qu'eut le visage de la petite indienne de se décomposer, il supposa que cette histoire de chevreau avait été totalement zappée. Un long, profond soupir monta dans sa poitrine, et il se massa pensivement les paupières tout en expirant lentement. La journée avait été éprouvante, et il commençait à avoir mal au crâne à force de fixer ces écrans comme un pauvre demeuré. Ses années de service en tant que sniper chez les US Marines avaient beau lui avoir permis de se construire une patience à toute épreuve, fixer indéfiniment une armada de petits moniteurs était clairement plus éprouvant que ce qu'il avait eu l'occasion de faire lorsqu'il officiait dans l'armée. D'autant plus que son oeil gauche était quasiment foutu et que par conséquent, le droit devait redoubler d'efforts.
Il aurait bien été promener Sam, histoire de se changer les idées, mais Sam n'était même plus là.
En prime, son café refroidissait et si la situation s'éternisait, il allait rapidement devenir dégueulasse.

— Elle est beaucoup trop jeune pour avoir un petit... grommela-t-il pour toute réponse aux tentatives de justification de Mythri, avant de finalement se redresser.

A une autre époque, et si elle avait été sa fille — c'est à dire dans un contexte radicalement différent –, il se serait certainement ému de la voir ainsi se triturer les méninges dans l'espoir de sauver une petite chèvre. Malheureusement pour elle et pour la part d'humanité qui se cloîtrait quelque part en lui, aucune des conditions susnommée n'était vérifiée, et en l'état actuel des choses il avait surtout envie de faire preuve d'un manque total de professionnalisme et de se débarrasser d'eux aussi vite que possible.
L'idée du lait étant désormais exclue, il écouta soigneusement leurs arguments. Visiblement, aucun d'eux n'avait envisagé l'idée d'essayer de remettre cet animal dehors, et ils semblaient tous les deux extrêmement motivés à l'idée de séquestrer une chèvre naine sur le Toit. Il ne soupira pas à nouveau mais en eut cependant très envie.

Reconnaissons néanmoins que c'était assez amusant de les voir chercher des arguments pour le convaincre de la garder — on aurait cru des gamins tentant de convaincre leur père que garder le chat du voisin qui était rentré par inadvertance dans la maison était une idée à fort potentiel –, ça lui faisait plus ou moins une petite récréation. Il s'était pour le moment bien gardé de leur dire, mais il n'avait absolument pas l'intention de manger cette pauvre bête : si tel avait été le cas, de toute manière, il serait lui-même descendu l'attraper et n'aurait pas envoyé deux petits hippies la chercher en prenant le risque que ces derniers ne s'attachent à elle... ce qui s'était de toute évidence produit, d'ailleurs.
On était certes en pleine apocalypse, mais aux dernières nouvelles les boutiques du mall regorgeaient de suffisamment de nourriture pour qu'ils n'aient pas à envisager de manger une chèvre qui n'était même pas adulte.
Et puis il n'aimait pas la viande de chèvre. Bien trop sèche à son goût. D'autant plus que ça lui rappelait des choses qu'il n'avait pas forcément envie de se remémorer à l'heure actuelle.

— Vous êtes entièrement responsables de cet animal, finit-il par déclarer après les avoir laissés mariner quelques instants de plus, mettant fin à leur attente. Si elle ne dérange personne, elle peut rester, mais à vous de vous en occuper.

Il fit légèrement pivoter son siège pour se saisir de son mug, puis darda ses yeux de glace sur le duo, avant de baisser le regard vers la chèvre. Ce genre d'animal n'était pas fait pour rester seul. Pas sûr qu'elle soit très épanouie, seule sur un pauvre Toit exposé plein soleil.
Portant sa tasse à ses lèvres, il sirota une gorgée de café. Il était tiède, mais encore buvable.

Mythri eut du mal à dissimuler son soulagement. La réponse de Lorentz la rendait assez joyeuse, en fin de compte, ce qui effaçait un peu la honte mortifiante qui l'avait frappée pendant quelques minutes. Elle lui en était reconnaissante, et à Sergen aussi, puisqu'il l'avait soutenue. Il aurait pu simplement être pragmatique, mais il avait préféré la soutenir. Et ça, c'était beau, quand même. Il faudrait qu'elle songe à le remercier !
Mythri faillit répondre bêtement, et se fendre d'un "oooh, merci beaucoup Lorentz promis on s'en occupera bien promis promis promis", mais elle se dit que c'était un peu trop infantile, et qu'elle s'était déjà montrée assez écervelée pour la journée. Voire la semaine. Après, on verrait. Elle fit donc plus sobre.

─ Bien sûr ! Je pense que ça sera aussi une bonne occasion pour agrandir un peu l'abri des animaux, là haut. Et l'améliorer un peu, pourquoi pas.

Elle imaginait bien que ce genre de projets ne faisait ni chaud ni froid à Lorentz, mais au moins, cela les maintenait occupés, ce qui était primordial -pour elle du moins.
Mythri lança un regard en coin à Sergen. Elle comptait lui demander s'il voulait l'accompagner pour mener à bien ce nouveau projet, dès qu'ils seraient sortis de l'Antre de l'Alpha.
Mythri commença à reculer lentement, ne sachant trop si elle devait sortir ou pas, et s'arrêta donc un peu en retrait de Sergen, attendant un ordre de la part de Lorentz. Elle avait totalement oublié toute récompense.

Grenadine, elle, regardait leur manège d'un air perplexe.

Lorentz souffla qu'elle était trop jeune, ce à quoi Sergen aurait pu soupirer mais il s'évita des tensions inutile avec l'homme aux cheveux grisonnant. A la place, il resta simple.

─ On a pas dit tout de suite. La patience paye.

Puis après quelques pensées et un peu de réflexion interne Lorentz finit par avouer que si cela ne dérangeait personne alors elle pouvait rester. Évidemment, il fit une réflexion digne de lui et les affubla de la responsabilité de l'animal. Sergen n'aurait pas vu Lorentz sortir de son post pour aller s'occuper de la petite chèvre de toute façon ! Quoi que, peut-être que cela lui aurait fait un peu de distraction au lieu du café. Sergen l'observa siroter son café qui devait commencer à refroidir, Sergen se dit qu'effectivement, cette entrevue à propos de Grenadine commençait à durer un peu trop longtemps.

Mythri sembla heureuse que Lorentz accepte de garder Grenadine captive sur le toit et donc d'officiellement l'adopter. Elle lança même l'idée d'améliorer l'aménagement de celui-ci pour l'occasion. Sergen trouvait cela évident, pour faire vivre la chèvre il fallait qu'elle broute d'une façon ou d'une autre et ce n'était pas le béton qui la nourrirait. Aprouvé donc. Sergen savait qu'il trouverait un moyen d'installer du gazon là-haut, il en était tout à fait capable de toute façon. Cela faisait aussi un moment qu'il voulait améliorer le poulailler. Il sourit à Mythri et conclut donc l'entrevue, histoire de laisser tranquille Lorentz et se coller à ce projet ambitieux.

─ On fera ça, il le faudra t'façon. Il se tourna vers Lorentz. Vous pourrez venir jouer un peu avec elle pour vous distraire des écrans aussi.

Il fit un clin d'oeil à Lorentz, taquin, un peu d'humour ne tuerait pas, allons !
Il rempila ensuite et se saisit à nouveau de Grenadine très doucement, la prenant sous le ventre en tenant les pattes dans ses bras. Bêlant un coup, la petite chèvre verrait bientôt la fin du calvaire. Il regarda Mythri, questionnant silencieusement si elle le suivait ou non.

Puis il sortit, il viendrait chercher son biffeton plus tard, il préférait installer la chevrette avant.

{conclut pour moi xD}

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